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DÉFAIRE LE DÉVELOPPEMENT
La ligne d'horizon, Le Monde diplomatique, avec le soutien de l'Unesco, organisent un Colloque international: 
«Défaire le développement. Refaire le monde»

Du 28 février au 3 mars, au Palais del'Unesco (Paris).

Dall'intervento di Serge Latouche al convegno:
«Défaire le développement. Refaire le monde»

Le développement n'est pas le remède à la mondialisation 
par Serge Latouche

Le développement n'est pas le remède à la mondialisation, c'est le problème!
Par Serge Latouche, Professeur émérite à l'université de Paris-Sud.

Il existe une quasi-unanimité à gauche (et même au centre) pour dénoncer les méfaits d'une mondialisation libérale, voire ultra-libérale.

Cette critique consensuelle s'articule sur six points:

1) la dénonciation des inégalités croissantes tant entre le Nord et le Sud, qu'à l'intérieur de chaque pays,
2) Le piège de la dette pour les pays du Sud avec ses conséquences sur l'exploitation inconsidérée des richesses naturelles et la réinvention du servage et de l'esclavage (en particulier des enfants),
3) la destruction des écosystèmes et les menaces que les pollutions globales font peser sur la survie de la planète,
4) la fin du welfare, la destruction des services publics et le démantèlement des systèmes de protection sociale,
5) l'omnimarchandisation, avec les trafics d'organes, le développement des "industries culturelles" uniformisantes, la course à la brevetabilité du vivant,
6) l'affaiblissement des Etats-nation et la montée en puissance des firmes transnationales comme "les nouveaux maîtres du monde".

Pour suppléer aux défaillances du marché, au Sud, on fait largement appel au "samu mondial" dont les ONG humanitaires, les urgenciers sont l'outil capital. Le tiers secteur ou l'économie sociale et solidaire ont vocation à remplir le même objectif au Nord. Le (re)développement peut-il être le remède à ces maux?
Au fond, beaucoup le pensent, et en particulier tous ceux qui prônent "une autre mondialisation". Il faudrait revenir au développement en le corrigeant, s'il y a lieu de ses effets négatifs. Un développement "durable" ou "soutenable" apparaît ainsi comme une panacée tant pour le Sud que pour le Nord. C'est plus ou moins la conclusion de ce que nous avons entendu encore récemment à Porto Alegre. Cette aspiration naïve à un retour du développement témoigne à la fois d'une perte de mémoire et d'une absence d'analyse sur la signification historique de ce développement. 
La nostalgie des "trente glorieuses", cette ère de la régulation keynéso-fordiste qui fut celle de l'apothéose du développement nous fait oublier qu'en mai 1968, c'est précisément cette société de "bien-être" -là qui était dénoncée comme société de consommation et société du spectacle n'engendrant que l'ennui d'une vie sans autre perspective que "métro-boulot-dodo", fondée sur un travail à la chaîne répétitif et aliénant. Si on exalte encore volontiers les cercles vertueux de cette croissance qui constituait un "jeu gagnant-gagnant-gagnant", on oublie volontiers les deux perdants : le tiers-monde et la nature. Certes, l'État gagnait, le patronat gagnait et les travailleurs, en maintenant la pression, amélioraient leur niveau de vie, mais la nature était pillée sans vergogne (et nous n'avons pas fini d'en payer l'addition...), tandis que le tiers-monde des indépendances s'enfonçait un peu plus dans le sous-développement et la déculturation. En tout état de cause, ce capitalisme régulé de l'ère du développement aura été une phase transitoire menant à la mondialisation.
Si le développement, en effet, n'a été que la poursuite de la colonisation par d'autres moyens, la nouvelle mondialisation, à son tour, n'est que la poursuite du développement avec d'autres moyens. L'État s'efface derrière le marché. Les Etats-nations qui s'étaient déjà fait plus discrets dans le
passage du témoin de la colonisation au développement quittent le devant de la scène au profit de la dictature des marchés (qu'ils ont organisée...) avec leur instrument de gestion, le F.M.I., qui impose les plans d'ajustement structurels. Toutefois, si les "formes" changent considérablement (et pas que les formes), on est toujours en face de slogans et d'idéologies visant à légitimer l'entreprise hégémonique de l'Occident, et singulièrement des États-Unis, aujourd'hui. Rappelons la formule cynique d'Henry Kissinger, "La mondialisation n'est que le nouveau nom de la politique hégémonique américaine". Il n'y pas dans cette approche de remise en question de l'imaginaire économique. On retrouve toujours l'occidentalisation du monde avec la colonisation des esprits par le progrès, la science et la technique. L'économicisation et la technicisation du monde sont poussées à leur point ultime. Or, c'est cela même qui constitue la source de tous les méfaits dont on accuse la mondialisation.
C'est le développement réellement existant, celui qui domine la planète depuis deux siècles, qui engendre les problèmes sociaux et environnementaux actuels. Le développement n'est qu'une entreprise visant à transformer les rapports des hommes entre eux et avec la nature en marchandises. Il s'agit d'exploiter, de mettre en valeur, de tirer profit des ressources naturelles et humaines. Quel que soit l'adjectif qu'on lui accole, le contenu implicite ou explicite du développement c'est la croissance économique, l'accumulation du capital avec tous les effets positifs et négatifs que l'on connaît: compétition sans pitié, croissance sans limite des inégalités, pillage sans retenue de la nature. Le fait d'ajouter le qualificatif "durable" ou "soutenable" ne fait qu'embrouiller un peu plus les choses. En ce moment même circule un manifeste pour un développement soutenable signé par de nombreuses célébrités dont Jean-Claude Camdessus, l'ancien président du Fonds Monétaire International!
Notre surcroissance économique dépasse déjà largement la capacité de charge de la terre. Si tous les citoyens du monde consommaient comme les américains moyens les limites physiques de la planète seraient largement dépassées. Si l'on prend comme indice du "poids" environnemental de notre mode de vie "l'empreinte" écologique de celui-ci en superficie terrestre nécessaire on obtient des résultats insoutenables tant du point de vue de l'équité dans les droits de tirage sur la nature que du point de vue de la capacité de régénération de la biosphère. En prenant en compte, les besoins de atériaux
et d'énergie, ceux nécessaires pour absorber déchets et rejets de la production et de la consommation et en y ajoutant l'impact de l'habitat et des infrastructures nécessaires, les chercheurs travaillant pour le World Wide Fund (WWF) ont calculé que l'espace bioproductif par tête de l'humanité était de 1, 8 hectare. Un citoyen des États Unis consomme en moyenne 9, 6 hectares, Un canadien 7, 2, un européen moyen 4, 5. On est donc très loin de
l'égalité planétaire et plus encore d'un mode de civilisation durable qui nécessiterait de se limiter à 1, 4 hectare, en admettant que la population actuelle reste stable . On peut discuter ces chiffres, mais ils sont malheureusement confirmés par un nombre considérable d'indices (qui ont d'ailleurs servi à les établir). Ainsi, pour que l'élevage intensif fonctionne en Europe, il faut qu'une surface pour ce qu'on appelle des "cultures en coulisses" équivalant à sept fois celle de ce continent soit employée dans d'autres pays à produire l'alimentation nécessaire aux animaux ainsi élevés sur un mode industriel ... Pour survivre ou durer, il est donc urgent d'organiser la décroissance. Quand on est à Rome et que l'on doit se rendre par le train à Turin, si on s'est embarqué par erreur dans la direction de Naples, il ne suffit pas de ralentir la locomotive, de freiner ou même de stopper, il faut descendre et prendre un autre train dans la direction opposée. Pour sauver la planète et assurer un future acceptable à nos enfants, il ne faut pas seulement modérer les tendances actuelles, il faut carrément sortir du développement et de l'économicisme comme il faut sortir de l'agriculture productiviste qui en est partie intégrante pour en finir avec les vaches folles et les aberrations transgéniques.

Conclusion : Le développement comme la mondialisation sont des "machines" a affamer les peuples. Avant les années 70, en Afrique, les populations étaient "pauvres" au regard des critères occidentaux, en ce sens qu'elles disposaient de peu de biens manufacturés, mais personne, en temps normal, ne mourrait de faim. Après 50 années de développement, c'est chose faite. Mieux, en Argentine, pays traditionnel d'élevage bovin, avant l'offensive développementiste des années 80, on gaspillait inconsidérément la viande de boeuf, abandonnant les bas morceaux. Aujourd'hui, les gens pillent les supermarchés pour survivre et les fonds marins, exploités sans vergogne par les flottes étrangères entre 85 et 95 pour accroître des exportations sans grand profit pour la population, ne peuvent plus constituer un recours. 
Comme le dit Vandana Shiva : " Sous le masque de la croissance se dissimule, en fait, la création de la pénurie".
George W. Bush déclarait le 14 février 2002 à Silver Spring devant l'administration de la météorologie que "parce qu'elle est la clef du progrès environnemental, parce qu'elle fournit les ressources permettant d'investir dans les technologies propres, la croissance est la solution, non le problème" . Nous affirmons tout au contraire que, bien loin d'être le remède à la mondialisation, le développement économique constitue la source du mal. Il doit être analysé et dénoncé comme tel.

allegato

LA LIGNE D'HORIZON
7 villa Bourgeois
92240 MALAKOFF

L'association des amis de François Partant, tente depuis plus de dix ans de poursuivre la réflexion que François Partant a exprimée dans ses livres (Que la crise s'aggrave, La fin du développement, la ligne d'horizon, etc.) et dans ses articles. Depuis sa création l'association a organisé plusieurs colloques (sur le travail, sur l'imposture économique, etc.). En 1999, elle décidait de préparer un colloque international sur «l'après développement», et de donner à connaître les alternatives qui, en partie, expriment déjà sur le terrain le refus de la suprématie de l'économie et du développement. 
Vaste chantier qui se concrétisera, en une première étape, par ce colloque prévu pour février 2002.

Textes de François Partant
http://www.apres-developpement.org/html/partant/ravignan_actualite.htm 
Actualité de la pensée de François Partant par François de Ravignan

http://www.apres-developpement.org/html/partant/economie_monde.htm 
"l'économie-monde "en question

http://www.apres-developpement.org/html/partant/global_economy.htm 
Global Economy off their Backs

http://www.apres-developpement.org/html/partant/batonsrompus.htm 
La crise s'est aggravée"

***

Livres sur l'après développement
http://www.apres-developpement.org/html/listes/livres.htm

L'association «La Ligne d'Horizon» a été fondée par un groupe d'amis de François Partant (1926-1987) sensibles à l'originalité et à l'actualité de ses analyses.

Ses objectifs :
· diffuser les analyses de François Partant
· les confronter aux mutations de nos sociétés
· approfondir la réflexion sur les alternatives
Ses moyens :
· promotion des écrits de François Partant
· diffusion de films, d'ouvrages
· participation à des débats

Le présent n'a pas de futur
«Le présent n'est pas gai. Il suffit d'ouvrir le journal pour en être convaincu. L'avenir est plus sombre encore. Tandis que dans le tiers monde la faim progressera, nous verrons chez nous le chômage et la pauvreté s'étendre». François Partant

Le système économique actuel repose sur un postulat, l'expansion continuelle, dont le moteur est la dynamique concurrentielle ; en dehors d'elle, point de salut ! Cette expansion a lieu sous la sacro-sainte idéologie du «développement», soutenue par la majorité des économistes et hommes politiques: celui-ci devait apporter le bonheur à l'ensemble des peuples ! Mais on a vu, d'abord dans le Sud, et de plus en plus dans le Nord, des économies locales et vivrières se détruire, des pollutions multiples mettre en jeu l'équilibre de notre biosphère, les profits se concentrer, tandis que la misère se diffuse.

L'ère industrielle débouche sur des impasses : écologique, sociale (le nombre d'exclus ne cesse de croître), morale (quelle qualité de vie avons-nous et aurons-nous ?). Le partage du travail, les débouchés à l'exportation, la formation professionnelle, le développement durable ne sont que des palliatifs ou de fausses promesses. L'évolution technologique et ses conséquences sur la vie échappent à tout le monde. De par sa nature, la croissance engendrera encore plus de chômage et de précarité.

«Aussi longtemps que nous assimilerons l'évolution de notre société à celle de l'humanité avançant vers un terme à la fois idéal et indéfiniment futur, aussi longtemps que nous verrons, dans nos progrès scientifiques et techniques, la preuve de cette évolution d'ensemble, nous ne parviendrons même pas à ima-giner un projet politique nouveau». François Partant 

Et si la première chose à faire était d'être lucide : ne plus adhérer au mythe du développement mais en faire une analyse critique ; arrêter de penser que tous les peuples de la terre ont la même aspiration ; voir que la logique de cette compé-tition effrénée a montré son incapacité à répondre aux besoins vitaux de la majorité des personnes de cette planète ; voir que la révo-lution verte, l'agriculture industriel-le et le commerce international ont apporté la faim et la misère dans de nombreuses zones du monde.

«Il ne s'agit plus de préparer un avenir meilleur mais de vivre autrement le présent». François Partant

On ne voit pas d'alternative à l'ordre économique actuel car d'une manière sous-jacente on refuse de remettre en cause les principes mêmes de cet ordre. Favorisons alors toutes les initiatives qui remettent en cause notre mode de vie et notre type de production. Recréons des réseaux d'entraide, de
solidarité, d'échange fondés sur les capacités de chacun et sur les besoins de tous. Le refus de l'exclusion, ici et là-bas, doit être une priorité, ce qui implique d' agir avec les exclus.
Les résistances multiples d'aujourd'hui nous permettront peut-être, demain, de rebâtir à partir de conceptions nouvelle.

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http://www.apres-developpement.org/html/textes/lecologiste6/illich_libererlavenir.htm 
La critique du développement en 1969 Ivan Illich

http://www.apres-developpement.org/html/textes/lecologiste6/mdperrot_abecedaire.htm 
Abécédaire du développement Marie-Dominique Perrot

http://www.apres-developpement.org/html/textes/lecologiste6/tgoldsmith_avantdeveloppeme.htm 
Avant le développement Teddy Goldsmith

http://www.apres-developpement.org/html/textes/lecologiste6/endione_reciprocite.htm 
La réciprocité : une alternative au libre échange Emmanuel N'Dione

http://www.ecologiste.org/ 

http://www.apres-developpement.org/pdf/sommaire_lecologiste6.pdf 


après

La lettre du colloque sur l'après développement
La ligne d'horizon
L'association des amis de François Partant, tente depuis dix ans de poursuivre la réflexion que François Partant a exprimée dans ses livres (Que la crise s'aggrave, La fin du développement, la ligne d'horizon, etc.) et dans ses articles.
Depuis sa création l'association a organisé plusieurs colloques (sur le travail, sur l'imposture économique, etc.).
En 1999, elle décidait de préparer un colloque international sur " l'après développement ", et d'afficher l'espoir de la naissance d'alternatives qui, en partie, expriment déjà sur le terrain le refus de la suprématie de l'économie et du développement.
Vaste chantier qui devrait se concrétiser en une première étape, par ce colloque prévu pour février 2002.
Défaire le développement,
Refaire le monde

C'est sous ce titre que se déroulera le colloque sur l'après-développement qui aura lieu les 28 février, 1er, 2 et 3 mars 2002 à Paris (UNESCO).
Historiquement, l'ère du développement fait suite à celle de la colonisation, comme l'ère de la mondialisation prend le relais de celle du développement. L'occidentalisation du monde et l'uniformisation planétaire se renforcent avec l'accumulation sans limite du capital sous la domination toujours accrue des firmes transnationales. La guerre économique et les inégalités ne se déploient plus seulement entre les peuples mais aussi au sein des espaces nationaux. La destruction de l'environnement est universelle.

Cette évolution nourrit des résistances diverses qui se fondent souvent sur la nostalgie et aboutissent parfois à des replis identitaires désastreux. Il n'y a d'avenir écologique, culturel et politique soutenable et souhaitable qu'au delà d'une nécessaire décolonisation de l'imaginaire. Il faut sortir non seulement de la mondialisation mais encore du développement, en secouant le joug de la dictature de l'économie. Cela signifie, pour le Sud comme pour le Nord du monde, libérer les initiatives et les alternatives de toutes sortes afin de briser le carcan de la fin d'une histoire unidimensionnelle.
Après le réveil de Seattle, le moment est venu d'élargir le débat et d'approfondir les analyses. Il faut reprendre en main ses destinées, défaire le développement et renouer avec la pluralité des mondes.

Jeudi 28 février, Vendredi 1er mars, Samedi 2 mars

Programme
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